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Bariolages
18 novembre 2012

Fluxus-Joseph Beuys

Rien de tel pour connaître le mouvement Fluxus que Joseph Beuys, il est par ailleurs impossible de ne pas être sensible (d'une manière ou d'une autre) à au moins une de ses oeuvre. 
Aaaaah Joseph Beuys, tout un personnage, une histoire, non, une aventure de vie. Lorsqu'on m'a parlé de cet artiste pour la première fois je me suis immaginé un espèce de pilier de comptoir mitomane. J'étais quasiment dans mon droit après tout, imaginez un type qui débarque et vous annonce :

"J'étais pilote dans l'armée de l'air allemande, en pleine croisade contre les Russe je me suis crashé en Crimé, mais heureusement, des autochtones m'ont receuillis et m'ont enduit de graisse de phoque et enroulé dans du feutre, très bon isolant par ailleurs laisse tomber la laine de verre mon gars, depuis j'ai besoin de faire des liens un peu partout, j'en tisse avec les sens, j'en tire d'entre les morts, je les fait passer au dessus de l'histoire et... et bah rien d'exceptionnel, j'pense que n'importe qui peut s'emparer de ça, chacun peut contribuer à une forme de monument, de potentiel artistique commun si tant est qu'il en exploite la fibre ou se laisse s'y intéresser..."

C'est grossièrement résumé, mais ça dépeint à peu près le personnage, il mérite cependant que vous alliez vous renseigner davantage sur l'héritage sociologique et artistique qu'il a laissé, notemment sur le concept d'oeuvre d'art total car au delà d'une forme de légerté assez assumé de sa part c'est un humain avec un grand H et étant sensible à ce mouvement artistique tout autant qu'aux oeuvres ésotériques et alchimiques, je peux vous assurer qu'il n'est pas inutile de se donner le temps de comprendre sa démarche.

beuys_i_like_america_and_america_likes_me "I like America and America likes me"

Voici le personnage en compagnie d'un coyotte dans un appartement vide de New York, le bonhomme est parti d'Europe en avion pour les Etats unis et a veillé à ne surtout jamais être en contact direct avec le sol américain, jusqu'à se faire déposer dans cette pièce (le transport s'est fait sur une civière). Enveloppé dans du feutre et armé d'une canne, l'artiste confronte deux mythes sur un même parquet, celui qu'il s'est forgé et qu'il revendique jusqu'à la matière dont il s'envelope et celui d'un continent Nord Américain sauvage, originel par la présence de cet animal et le déni du territoire reconquis et colonisé en refusant de le toucher. 

 

c0035864_133930 "Plight"

Il ne faut pas se laisser tromper par l'apparante banalité de l'installation. En fait il est presque inutile de la visualiser si on ne connait pas les enjeux accoustiques qui prédominent dans l'oeuvre. En effet les rouleaux de feutre en telle quantité absorbent efficacement le son, si bien qu'un piano devient dès lors muet, il se remet un peu en question, l'instrument se dévalorise-t-il dans un tel milieu ? Ou prend il son sens dans ce que nous connaissons de lui, dans l'amputation de sa fonction. J'ai connu quelqu'un qui est allé voir cette installation, cette personne m'a assuré qu'une pression s'exerce nettement sur nos tympan lorsqu'on arrive dans cette pièce, "un silence assourdissant" d'après elle.

aus01_4_a "Wie man dem toten Hasen die Bilder erklärt"

"Comment expliquer des tableaux à un lièvre mort ?", plus qu'un tutoriel efficace pour sensibiliser le règne animal (mort) à l'histoire de l'art, il s'agit d'une performance marquante de cet artiste. De quoi confirmer les soupçons de ceux qui finissaient par penser qu'il a une Approche du monde et de toutes choses assez spéciale. La démonstration aurait pu se faire au milieu d'une foule de personnes attérée de voir un homme recouvert de miel et de poudre d'or se donner ainsi en spéctacle, mais lui seul déambule dans la gallerie, tenant contre lui ce lièvre mort avec lequel il joue tantôt, le faisant se déplacer sur les murs, sur le sol, ou le serrant contre sa poitrine pour lui chuchoter le sens de ce qu'il "voit", assis sur un tabouret de facture assez spéciale, un pied est enroulé de feutre, d'autres éléments récurents et symboliques pour l'artiste sont présents sur lui, tel que des os et de l'acier. Une installation de micros permet au spectateurs d'entendre distinctement ce qui se passe à l'interieur mais l'artiste ne parle pas assez intelligiblement pour se faire comprendre et laisse ainsi ces voyeurs intrigués derrière les vitres.

 

  

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